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«Zaïd Ouhmad, un honneur debout », par Zaïd Ouchna

Il ne se prétend pas historien. Mais, de l’avis de tous ceux qui le connaissent, c’est un chercheur ardent des faits et réalités historiques. Il ne s’en lasse jamais. Sa quête est interminable. Et pour ce, il n’hésite pas à parcourir des milliers de kilomètres : de Goulmima à Paris, de Goulmima à Rabat et Casablanca et de Goulmima à la Kabylie. Le repère est donc clair, sinon évident : Goulmima. Ce n’est pas uniquement un repère d’identification, mais surtout un point de départ pour la découverte de l’autre. Lui qui se donne comme tâche la présentation de soi à l’autre, dans un style assez subtil. Une manière aussi de se connaître, à travers l’autre. Il a aussi, volontairement ou involontairement, ce point commun avec le célèbre penseur indien Bhabha.

Le chercheur amazigh, Zaïd Ouchna, persiste à apporter la preuve que l’histoire reste un domaine de réflexion qui suscite l’intérêt des chercheurs, toutes spécialités confondues. Anthropologue d’obédience, il vient de publier en ce début de 2013 un nouveau livre sur la vie au sud-est du pays. Après ses ouvrages en amazigh : «Asfafa n twengimt» et «Uddr n Umur», voici un autre voyage à travers les dédales de l’histoire contemporaine. Il s’agit de retrouver, archives à l’appui, l’une de ses grandes batailles du 20ème siècle, mais aussi l’un de ses héros. Ecrit en français, le livre intitulé «Zaïd Ouhmad, un honneur debout », a été publié avec le soutien de fondation Al Amin pour le développement.

L’ouvrage raconte une histoire qui s’est déroulée entre 1933 et 1936 dans le versant sud du Haut Atlas marocain. C’est la vie d’un simple campagnard devenu subitement un héros… malgré lui. Comment a-t-il tenu tête aux forces colonialistes, aux goumiers marocains, aux enrôlés sénégalais et aux spahis algériens ? Comment les a-t-il repoussés et battus au mont Baddou ? Quelles sont les circonstances de sa mort ? Zaïd Ouchna qui renforce son récit avec des faits puisés dans les archives françaises, défend surtout l’idée que la France a tenté de changer le mode de vie d’une population amazighe désarmée. A travers des moyens rudimentaires, ces guerriers dont les survivants de la bataille de Boughafer (finie en 1933) et d’autres venus de toutes les tribus avoisinantes, ont pu mettre fin au mythe d’une France irrésistible. Et comme à Boudnib, en 1908, les tribus ont oublié leurs querelles et se sont unies contre l’agresseur.

Loin des sentiers battus et des versions officielles, l’anthropologue a surtout suivi le sens des faits. Des archives françaises aux témoignages populaires des survivants, il en a fait une version plausible et crédible. Mais, de toute l’histoire, l’entretien réalisé par Zaïd Ouchna avec Aïcha Heddou reste particulier. D’abord, c’est un témoignage vivant, mais aussi parce qu’il va au détail. Cette femme du fidèle compagnon de Zaïd Ouhmad, a affirmé qu’elle était le seul témoin des événements de Tadafalet. «Personne dans ce pays ne m’a demandé avant ce jour (août 1996) mon témoignage et personne n’a voulu savoir ce qui s’est réellement passé ! », a-t-elle souligné. Et d’ajouter que les traîtres se qualifient de combattants et les braves sont devenus des persona non grata. Le parcours de ce héros méconnu se confond avec l’histoire de la résistance de tout un pays.

Source : Mustapha Elouizi, Libération (libe.ma)Le 19/01/2013

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